Raboliot

Son vrai nom, que personne n'utilise, pas même sa mère et sa femme, est Pierre Fouques,

Tout le monde l'appelle Raboliot : « remuant, le corps fin, l'œil vif et noir, c'était bien vrai qu'il ressemblait à un lapin de rabolière, à un raboliot bien venu de lignée sauvage et drue. » Il n'est pas bien grand : « tout ch'ti qu'il était d'apparence, avec ses mains de femme, si menues qu'elles l'humiliaient » ; mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est un rude gaillard.
Bûcheron compétent, journalier, il se fait embaucher à la journée (au début du roman, il aide à vider les étangs du comte de Remilleret), bref, il est son propre maître.
Son vrai métier, sa nature même, c'est braconnier – « Braconnier, parbleu, comme tout le monde l'est en Sologne » –

c'est-à-dire qu'il tend des pièges, chasse avec sa chienne Aïcha, tire le gibier à la carabine, et en fait un petit commerce qui aide à nourrir sa famille. Mais de tous les braconniers, c'est le meilleur. La chasse, pour lui, c'est une pulsion contre laquelle il est vain de lutter : « est-ce-que les hommes sont maîtres de cet instinct qui les pousse vers la chasse, fils d'une terre giboyeuse où craillent le soir les faisans qui se branchent, où rappellent les perdrix dans les chaumes, où les lapins par bandes sortent des bois à l'assaut des récoltes ? ».
Quand il braconne, il agit comme on respire

Brinon-sur-Sauldre est le village de Raboliot.

Roman de Maurice Genevoix

Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la Genève calviniste vers 1550-1560 pour rejoindre la Creuse, et dont le patronyme prend alors un x final, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et pharmaciens par sa lignée paternelle.

Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à Châteauneuf-sur-Loire. Il naît en 1890 à Decize, dans la Nièvre, à 35 km en amont de Nevers.

Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie. Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans Trente mille jours et Au cadran de mon clocher. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René naît en 1893.

Alors qu'il n'a que douze ans, sa mère meurt le 14 mars 1903 d'une attaque d'éclampsie. De cette perte, il gardera une éternelle déchirure qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme Fatou Cissé ou Un Jour. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits .

Maurice Genevoix est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire comme son roman Raboliot (prix Goncourt 1925).Egalement La Dernière Harde, La Forêt perdue, Un jour, Les Compagnons de l'Aubépin.

À l'âge de quatre ans, durant l'hiver 1894, il échappe de peu à la mort alors qu'il contracte le croup*. La mort continuera de hanter l'ensemble de son œuvre. À neuf ans, il voit pour la première fois « couler le sang », le sentant refroidir et se figer autour de sa jambe brisée qu'il s'agit de guérir dans l'échaudoir d'un boucher. « Une médication de Bantou », lâchera-t-il l'année précédant sa mort. À douze ans, la perte de sa mère le confronte à la réalité de la mort.

Le croup* ou diphtérie laryngée se manifeste par une gêne respiratoire et pour avaler. Les fausses membranes forment une couenne épaisse, gris chamois, striée de sang. La langue est brunâtre avec fétidité de l'haleine. La toux est rauque, mais la voix éteinte. Les adénopathies sont noyées dans un volumineux œdème qui déforme le cou. Sans intervention, l'obstruction progressive du passage de l'air entraine la mort en quelques heures.

Genevoix a également témoigné des épreuves de la génération qui a fait la Grande Guerre (1914-1918), particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une autobiographie : Trente mille jours, publiée en 1980.

Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, le 2 août 1914, et sert comme sous-lieutenant dans le 106e régiment d’infanterie, dans la 8e compagnie jusqu'en octobre 1914, puis dans le 7e compagnie depuis novembre 191415. Sa division, la 12e DI, appartient à la IIIe armée commandée par le général Ruffey. Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun.

Maurice Genevoix (Lieutenant commandant la 5e compagnie du 106e RI depuis le 20 mars 191516) est grièvement blessé dans des combats à Rupt-en-Woëvre près de la colline des Éparges.

Gravement atteint de la grippe espagnole en 1919, il retourne chez son père dans le Val de Loire, retrouvant le village de son enfance. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire.

En 1927, tirant parti du prix Goncourt décerné pour Raboliot (1925), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets. » Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en juillet 1928, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour de vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.

Maurice Genevoix quitte  Paris pour retrouver Les Vernelles qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie Un Jour (1976), puis Lorelei (1978) et Trente mille jours (1980). À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : « l'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges. » Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles.

Il meurt d'une crise cardiaque le 8 septembre 1980, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de Jávea (province d'Alicante) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman intitulé Vent de mars.

Il est élu sans concurrent à l’Académie française le 24 octobre 1946,

Il est enterré au cimetière de Passy à Paris