ANIMAUX,VERTEBRES AQUATIQUES ET DES INVERTEBRES

La taxidermie est l'art de donner l'apparence du vivant à des animaux morts. Le métier correspondant est celui de taxidermiste ou empailleur.

Le terme provient du grec ancien  táxis (ordre, arrangement) et  dérma (la peau). Il apparaît pour la première fois dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle (1803-1804) de Louis Dufresne (1752-1832).

Dans la Préhistoire, l'homme a commencé à maîtriser les techniques de base du tannage. D'autres techniques de

conservation des corps morts ont ensuite été mises au point, notamment l'embaumement par les Égyptiens. À partir du XVIe siècle, des techniques (celles décrites par Pierre Belon, par exemple) ont permis de préserver pour un temps les corps d'animaux ramenés des contrées nouvellement découvertes pour en enrichir les cabinets de curiosités ou une collection comme celle de l'Ashmolean Museum à Oxford (qui a possédé jusqu'en 1755 le corps empaillé du dernier dodo).

Il y a eu au XIXe siècle une véritable mode de la taxidermie, avec même la publication de manuels comme celui de Montagu Browne, Practical Taxidermy ou de Joseph H. Batty, Practical Taxidermy and Home Decoration Together with General Information for the Sportsman (New York: Orange Judd Company, 1885), la constitution de grandes collections par des hommes comme Pierre Antoine Delalande ou son neveu Jules Verreaux, à Paris, et l'apparition des premiers grands ateliers de taxidermie comme celui de Jean-Baptiste Deyrolle à Paris, fondé en 1831, ou de Rowland Ward (1848–1912), à Londres. Parmi les grands taxidermistes anglais, il faut également citer Charles Waterton et Walter Potter, qui a créé des dioramas à partir de 1854.

Les taxidermies réalisées le sont principalement pour le compte de collections de muséums, comme celle du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Ces pièces sont souvent destinées à préserver un patrimoine en voie de disparition, dans le but d'expositions et d'études. D'autres réalisations vont chez des particuliers, soit pour conserver la mémoire d'un animal de compagnie disparu, soit en tant que trophées (souvenirs de chasse ou décoration de restaurants).

La Communauté européenne réglemente au niveau intra-communautaire la circulation des espèces protégées par la Convention de Washington : elle définit quatre annexes (A, B, C et D), contre trois pour la Convention de Washington (I, II et III). En plus des formalités douanières, les espèces figurant à l'annexe A, y compris quand elles sont naturalisées, doivent recevoir un Certificat Intra-Communautaire (CIC), délivré par l'organe de gestion du pays (les DIREN en France) à la demande du détenteur de l'animal. Ce certificat doit accompagner tout spécimen naturalisé, notamment lorsqu'il est déplacé.

Enfin, en France, la naturalisation d'un spécimen appartenant à une espèce protégée de la faune sauvage, ainsi que son exposition au public et son déplacement, doivent faire l'objet d'une autorisation préfectorale (arrêté du 26 novembre 2013) comme le confirme la réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie

Un trophée de chasse s'il provient d'un animal légalement tué en forêt est considéré par la FAO comme un produit forestier autre que le bois, qui devrait donc être comptabilisé par les états pour l'évaluation de la production des forêts et par les processus d'écocertification forestière.

Le principe de la taxidermie consiste à construire une structure ou squelette (en métal ou en bois) sur laquelle on reconstitue les formes de l'animal. Cette reconstitution se faisait initialement en paille, d'où le terme d'empaillage pour désigner l'opération. On parle aussi de naturalisation. La fibre de bois aussi appelé frisure, frison ou paille de bois est également utilisée pour façonner l'animal. La peau de l'animal est ensuite posée par-dessus et ajustée, après avoir été tannée et protégée par des agents chimiques divers.

Pour restaurer au mieux les caractéristiques de l'animal et rendre la plus réaliste possible la reconstitution, on utilise des yeux de verre et d'autres artifices pour certains organes qui ne peuvent pas être conservés chimiquement, comme la langue.

Il consiste à retirer la peau de l'animal. Cette étape a lieu le plus tôt possible après la mort de l'animal, avant qu'il ne soit abîmé1. Pour cela des incisions sont faites, sous le ventre et à l'intérieur des pattes. La peau doit être décollée avec soin de la chair, puis la moindre parcelle de chair, de graisse ou d'os restante doit être grattée. Ceci garantit que des organismes nécrophages ne s'installent et détruisent le travail une fois celui-ci terminé, voire ne contaminent d'autres réalisations à l'intérieur de la collection.

Toutes les parties de la peau doivent être gardées, y compris celle des dernières phalanges des doigts, de l'intérieur des babines, des paupières et des organes génitaux.

Des parties du squelette peuvent être conservées. Historiquement, dans les anciens montages, c'était le cas du crâne. Pour les oiseaux, surtout ceux de petite taille, les os des ailes et des pattes sont le plus souvent laissés en place.

L'objectif du tannage est à la fois d'assouplir la peau en vue du montage, et de la protéger chimiquement, en la rendant imputrescible, contre les agressions d'agents biologiques (bactéries, champignons, insectes) qui pourraient s'en nourrir.

On trempe la peau dans différents bains chimiques, dont la composition est étudiée pour préserver ses caractéristiques physiques et son aspect. Un graissage termine l'opération en redonnant la touche de souplesse finale à la peau traitée. Il est nécessaire après traitement d'entretenir les poils par brossages réguliers.

Les tannages à l'alun, plus simples d'utilisation, sont les plus courants. Ces tannages ont l'inconvénient d'être fortement sensibles aux variations de température et d'humidité, ce qui pose des problèmes de conservation, notamment dans les muséums. Les tannages synthétiques modernes, même s'ils restent encore peu utilisés, répondent en grande partie à ces inconvénients.

Les peaux des oiseaux ne sont pas à proprement parler tannées. Elles subissent une dessiccation naturelle et sont rendues imputrescibles par l'application de produits antibactériens. Le plus connu d'entre eux est le savon arsenical de Bécoeur qui a été utilisé depuis le XVIIIe siècle (les œufs d'oiseaux, eux, sont conservés par la technique dite du "vidage").

Ils permettent de reconstituer la forme générale de l'animal dans une posture donnée. Initialement de bois et de paille, leur composition a évolué vers une structure interne métallique habillée de bois et de plâtre. Enfin, les matières synthétiques (mousses ou résines), plus légères et faciles à retravailler en fonction du gabarit de l'animal traité, sont apparues sur le marché, produites en série et couvrant une large gamme d'animaux et de postures.

La peau est enfilée sur le mannequin, éventuellement enduit d'une graisse afin de faciliter le montage. En général, de petites retouches sont nécessaires soit sur la peau elle-même, soit sur les formes du mannequin, avant la couture finale. Il est aussi possible d'effectuer de derniers travaux pour parfaire l'aspect de la peau ou du pelage (ou du plumage) : séchage, brossage, peinture… et montage des yeux.

Dans certains cas, notamment pour les poissons, il est plus simple d'effectuer directement un moulage (avec des matières plastiques souples) de la peau de l'animal : ceci simplifie le travail du taxidermiste bien que la méthode soit plus onéreuse. Le moulage est également utilisé pour préparer certaines pièces comme un groin, un bec, des dents ou des pattes.